Gryphe, revue de la bibliothèque municipale de Lyon
Revue de valorisation du patrimoine de la Bibliothèque municipale de Lyon
Gryphe n°19
Mars 2008
Sommaire
- Guignol journaliste
Trois petits tours et puis s’en va…
Gérard Truchet
- En habits multicolores !
Les “cartonnages romantiques” sont la mémoire de toute une production de livres originaux, avant tout destinée aux enfants
Elisabeth Verdure
- Huysmans et Lyon
Dans les sentiers de la spiritualité et sur les chemins de la foi, en compagnie d’amis lyonnais
Bernard Poche
- Les curiosa de Stéphane Mestre
L’avoué et bibliophile lyonnais était un rude gaillard qui n’avait pas peur des mots
Jacques Duprilot
- A l’enseigne d’Agrippa
Le diable à la portée de toutes les bourses
Michel Chomarat
Édito
Guignol à voir et à lire
“Faire le guignol”. Le mot appartient au cercle restreint des noms propres devenus des noms communs, comme diesel, gavroche, séide ou, excusez du peu, poubelle. Monsieur Littré ne s’y est pas trompé, qui a officialisé la chose dans son Dictionnaire de la langue française, dès l’édition de 1863-1877. Ces Messieurs de l’Académie française ont attendu 1935 et la huitième édition de leur propre Dictionnaire pour en convenir. Mais cet irrésistible glissement n’a pas, pour autant, fait oublier l’origine – lyonnaise, éminemment lyonnaise – du “patronyme”, comme pour l’infortuné préfet Eugène-René Poubelle, pour l’ingénieur allemand Rudolf Diesel, le jeune héros des Misérables de Hugo ou le sombre comparse du Mahomet de Voltaire.
Jean Siflavio Guignol est toujours bien vivant, deux cents ans après sa création par son “père”, Laurent Mourguet. Depuis deux siècles, il observe la vie lyonnaise, mali-cieux et irrévérencieux, avec son humeur railleuse mais jamais méchante, son esprit satirique cultivant avec infiniment de brio l’art de la dérision, sa promptitude à pointer les petits travers des “Grands” de la ville : grands bourgeois, grands esprits, grands politiques… ce qui, dans ce dernier cas, tient évidemment du pléonasme !Cette verve l’a tout naturellement fait passer, un jour, du verbe à l’écrit, de la scène à la presse, en l’occurrence celle de l’imprimeur Labaume, lequel, à la faveur d’une (relative) libéralisation au cours du Second Empire, lança en 1865 un Journal de Guignol, qui n’eut d’ailleurs qu’une vie éphémère. Car la censure reprit rapidement ses droits et Anastasie joua du ciseau.
Placés sous le vocable de Guignol mais aussi de Gnafron, voire de Madelon, d’autres journaux, largement illustrés, brodant volontiers sur l’actualité, virent ensuite pério-diquement et souvent brièvement le jour. Avant le grand silence de 1970…
Qui mieux que Gérard Truchet, président de l’association des Amis de Lyon et de Guignol, habitué de l’envers du castelet où il donne vie à l’insubmersible marionnette, pouvait narrer les pérégrinations de ces feuilles jamais sans impact, généralement sans argent et souvent sans lendemain ? Il passe de l’une à l’autre avec l’aisance du gone pour qui Guignol n’est pas une figure de l’histoire lyonnaise, mais un ami de chaque jour. Un compagnon du quotidien.Gérard Corneloup
rédacteur en chef
EN LIGNE
Gryphe n°1 à 18
(2000-2008)