Gryphe, revue de la bibliothèque municipale de Lyon
Revue de valorisation du patrimoine de la Bibliothèque municipale de Lyon
Gryphe n°21
Décembre 2008
Sommaire
- Coups de crayons, coups de griffes
Honoré Daumier à la Bibliothèque municipale de Lyon
Claudio Galleri
- Les limites de la sociabilité savante
Bibliothécaires et bibliophiles lyonnais autour de 1900
Denis Galindo
- Du Grand-Théâtre à la Biennale
Un siècle de danse à Lyon, au fil des collections de la Bibliothèque
Florence Poudru
- Le Théâtre de machines de Jacques Besson
Images des sciences et techniques à la Renaissance
Benjamin Ravier
Édito
Le Balzac de la caricature
Politiciens, médecins, avocats, banquiers, militaires… Il les a tous portraiturés. Sans oublier les professeurs et les acteurs, les potards et les moutards, les maris et les célibataires, les femmes, belles ou moins belles, jeunes ou fanées. Mais aussi les musiciens, des rues ou de la fosse d’orchestre et, avant tout, les Parisiens, que ce Marseillais d’origine connaissait bien. Peintre impitoyable des puissants, des bourreaux et des profiteurs d’une Monarchie de Juillet profondément inégalitaire, il savait aussi décrire les enfants, les faibles, les exclus, les révoltés, ceux qui avaient combattu l’absolutisme en 1830 et pouvaient reprendre, désillusionnés, la légende de l’une des plus impitoyables lithographies du caricaturiste : “C’était bien la peine de nous faire tuer !”.
De ces lithographies, Honoré Daumier en a réalisé plus de quatre mille, auxquelles il convient d’ajouter un bon millier de gravures sur bois. La plus grande partie est parue dans les pages de journaux satiriques, en conflit constant avec la vigilante et tatillonne censure du “Roi citoyen”, que Daumier aimait à représenter sous la forme du fruit à pépins, issu d’un arbre de la famille des Rosaceae, sous-famille des Maloideae et du genre Pyrus : la poire.
Déjà détentrice d’un certain nombre de gravures de l’artiste, dont on fête en cette année 2008 le bicentenaire, la Bibliothèque s’est brusquement enrichie, dès l’an dernier, de quelque trois mille pièces nouvelles, grâce à la généreuse donation d’une famille lyonnaise, reflet de la collection réunie, des années durant, par un collectionneur du XXe siècle. Une exposition s’imposait. C’est chose faite. Une évocation dans Gryphe était de mise : elle ouvre le présent numéro, égrenant quelques-unes des inoubliables figures que sut dépeindre ce Balzac de la caricature.
Gérard Corneloup
rédacteur en chef