La collection jésuite des Fontaines

La Collection jésuite des Fontaines est en dépôt à la Bibliothèque municipale de Lyon. Elle provient du centre culturel jésuite à Chantilly.

Inventaire des manuscrits

Les manuscrits de la Collection jésuite des Fontaines : une brève présentation par le père André Derville, s.j.

La Bibliothèque des jésuites sise aux Fontaines (Chantilly, Oise) conservait environ 1 500 manuscrits.

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Origine du fonds des manuscrits

La plupart des manuscrits proviennent des bibliothèques des anciens scolasticats jésuites de Jersey et d’Enghien (Belgique). Un groupe important appartenait auparavant à l’École Sainte-Geneviève de Versailles. Le reste a été vraisemblablement recueilli par des jésuites à la suite de dons, d’héritages ou d’achats dans des ventes publiques : ainsi ceux qui proviennent de la chartreuse de Buxheim.

Les Textes

On peut penser que la moitié environ des pièces sont des textes ayant pour auteurs des jésuites, ou rédigés par des étudiants dans le cadre de leur enseignement. Le reste a des origines très diverses.
La plupart des domaines du savoir sont représentés. Les textes de type spirituel sont les plus nombreux : retraites, recueils de dévotion et de prières, traités, études et recherches (par exemple, sur les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola), livres d’emblèmes, poèmes, etc. Les cours pris en note par des étudiants d’université et de collège sont nombreux : cours de rhétorique, de physique, de philosophie, de théologie ; il y a là une mine pour l’histoire de l’enseignement. Par contre, les traités proprement dits en ces matières, comme aussi en Écriture sainte, en liturgie, droit canon, sont moins nombreux.
Moins bien représentés, par comparaison, sont les secteurs suivants : prédication, histoire du monde, de France, de l’Église, biographie et hagiographie. Les querelles autour du jansénisme, de la philosophie des Lumières, les Convulsionnaire s (21 ms.), la Révolution française (8 ms.), tel ordre religieux ou telle congrégation (Célestins, Cisterciens, congrégations hospitalières et enseignantes) font l’objet de textes assez peu nombreux, mais souvent dignes d’intérêt. Signalons aussi quelques manuscrits provenant de la Franc-maçonnerie ou concernant les sciences, les métiers (y compris militaires) et la géographie.
Notons enfin qu’un nombre assez important de ces textes sont des copies, faites surtout à la fin du XIXe et dans le premier tiers du XXe siècle ; il s’agit souvent de copies d’ouvrages spirituels qui manquaient à la Bibliothèque.

Ancienneté des textes

Les 2/3 environ de ces textes sont rédigés (originaux ou copies) aux XIXe et XXe siècles. Une part très importante du reste date du XVIIIe siècle. Le manuscrit le plus ancien est un fragment de lectionnaire du XIe siècle (SJ AR 1/37 : 4 p.), puis vient une « Introductio ad vitam contemplativam (SJ Mss 8/304), d’environ 1350, d’une lecture difficile, mais en bon état. Un Psautier est malheureusement amputé de plusieurs de ses pages (XIVe / XVe : SJ AR 1/63). Probablement du XVe siècle : le De Corpore Christi de Thomas d’Aquin avec quelques courts textes de Nicolas de Lyre (SJ Mss Fol. 46), le De laudibus beatissimae Mariae de Richard de Saint-Laurent et le De animalibus d’Albert le Grand (SJ Mss Fol. 75/1-2, malheureusement rongés d’humidité dans la partie inférieure), la Cronica Pontificum de Martin de Troppau (SJ AR 1/114) et les Décrétales , dites de Grégoire IX, dues à Raymond de Penyafort (SJ AR 1/134).

« Preciosa »

Nous appliquons ce terme aux manuscrits qui présentent un intérêt spirituel évident, pour les jésuites en particulier. Ainsi, le SJ AR 2/20, dit « Martinensis » parce qu’il provient de la chartreuse de Bois-Saint-Martin (Belgique), conserve outre des textes des saints Bernard et Bonaventure, une copie de la Lettre sur l’obéissance d’Ignace de Loyola et surtout un texte des Exercices spirituels dicté par Pierre Favre en 1543 à Louvain (seule version connue, datant de 1555 probablement). De même, le SJ Mss AR 2/314 contient une traduction française des Exercices datée de 1604 ; c’est la plus ancienne connue.
Citons encore la Relation de Mme Guyon, contenant le chapitre inédit de sa Vie concernant ses prisons, le recueil « Philbert » des lettres de Caussade qui contient, croit- on, les seules lettres intégrales connues de cet auteur, un inédit de Pierre de Clorivière de 1791 concernant les Lumières, la Franc-maçonnerie et la Révolution commençante, et de nombreux manuscrits d’œuvres spirituelles inédites, comme celles du récollet Archange Enguerrand († 1699), du chartreux Pierre Horst († 1716), du prêtre Gabriel Gauchat († 1777), comme les lettres de direction du jésuite Jean Bonaventure Périgaud († après 1781) et les sermons de Louis Orléans de la Motte, évêque d’Amiens († 1774).
Des retraites et conférences du Jésuite Claude Judde, nous gardons 32 manuscrits, autant de signes de l’influence de ce spirituel au XVIIIe siècle.
Nous avons évoqué plus haut la première traduction française des Exercices spirituels (SJ AR 2/314) ; c’est un recueil de textes spirituels confectionné par un jésuite sous un format assez maniable pour être emporté facilement dans ses déplacements. Le SJ Mss 12/145 est un recueil analogue fait par un jésuite mexicain au début du XVIIe siècle ; on y trouve en particulier des conférences du P. Juan de la Plaza († 1602), qui fut son instructeur ; ces conférences sur l’humilité, l’oraison et divers avis spirituels ne figurent pas dans les éditions même récentes des œuvres de La Plaza.

Cette brève présentation ne peut donner qu’une idée très incomplète du fonds des manuscrits des Fontaines. L’esprit curieux comme l’étudiant en quête d’un sujet de mémoire, voire de thèse, aura avantage à consulter le catalogue qui suit.

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