La Documentation régionale
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Lia Vé
Créatrice visuelle
Présentation
La création d’affiches est un moyen de me vautrer joyeusement dans deux passions qui m’animent : le dessin en tant que créatrice et la musique en tant qu’auditrice fanatique. J’ai la chance d’avoir rencontré des musiciens et des organisateurs qui apprécient mon univers visuel et me donnent une liberté totale dans les commandes d’affiches et de pochettes d’albums. C’est vraiment gratifiant d’avoir un commanditaire qui te fait confiance et qui valide ta proposition directement, chose rare dans le monde professionnel du graphisme institutionnel pour lequel j’ai déjà travaillé en graphiste salariée et que j’ai quitté.
Ma formation universitaire (un master en arts) m’a aidé à développer une réflexion théorique sur l’histoire des images, leur processus de conception et de réception ainsi qu’une maitrise des logiciels de PAO… mais je n’ai pas de formation technique en ce qui concerne le dessin, l’aquarelle, la linogravure, etc., je continue encore à apprendre aujourd’hui en expérimentant de nouveaux médiums en autodidacte.
En vivre ?
Actuellement, je ne vis pas de ces productions et ce projet reste pour moi utopiste car le milieu musical avec lequel j’aime travailler, bien qu’il soit foisonnant, est animé par des structures et des bandes de copains qui s’endettent parfois pour organiser des évènements et avec lesquels je m’investis bénévolement (notamment le collectif musical Dirty Seven Conspiracy).
Mais le fait de ne pas dépendre de ses créations pour se nourrir permet de garder un rapport libre de toute concession avec ton processus créatif. Quand tu sais que les commanditaires n’ont aucun financement, c’est quand même sympa d’être sur la liste d’invit’ du concert dont t’as fait l’affiche, d’avoir des retours de musiciens sur le visuel que t’as créé pour un groupe que tu écoutes depuis des années, ou de recevoir le fanzine ou le vinyle que tu as illustré. L’important c’est qu’ils aient conscience que tu fournis un travail conséquent malgré la gratuité de ce travail.
Le souci c’est, qu’en France, la rémunération d’un graphiste/illustrateur est peu ancrée dans les pratiques et que beaucoup de structures aux financements corrects rechignent à rémunérer les créateurs dans un souci de valeur plutôt que d’économie, et c’est ce travail gratuit là que je refuse d’encourager.
L’esprit Do It Yourself ?
L’appellation DIY est devenu dans le milieu médiatique et commercial une étiquette qu’on appose pour prôner une authenticité et un non-conformisme débrouillard qui ne colle pas toujours a la réalité de ce à quoi on l’attribue. Je trouve génial que l’esprit DIY se popularise mais c’est insupportable de voir que des structures en font leur fond de commerce en le dénaturant. Ce processus d’engloutissement de pratiques « alternatives » par la culture dite « mainstream » existe depuis longtemps et continue irrémédiablement (comme l’iconographie punk londonienne des 70’s récupérée par des marques vestimentaires, de la décoration d’intérieur…). Le fait que tout le monde connaisse le terme DIY aujourd’hui et que l’on soit appelés à exposer sous cette thématique dans un lieu public aussi institutionnel qu’une bibliothèque en témoigne.
Mais il me semble que la base du DIY réside justement dans l’économie de moyens induite par le désir d’une production indépendante et libre, hors des circuits institutionnels et sub- ventionnés, quelle que soit la discipline. En communication visuelle, les techniques peuvent impacter sur la qualité et créer une esthétique brute et crasseuse que je trouve séduisante comme dans des flyers en noir et blanc parasités par la photocopie, mais beaucoup de productions DIY ont aussi le souci du « bel objet » avec des techniques qui demandent un investissement matériel et des savoir-faire poussés comme la sérigraphie.