Le centre de ressources sur le Genre : le Point G
Collections
Le Centre de ressources sur le Genre est rattaché au département Civilisation dont les principales collections - histoire, philosophie, anthropologie sociale, psychologie - offrent des perspectives particulièrement riches pour aborder les questions de normativité de genre et sexuelle. Toutefois, ces dernières imprégnant toutes les sphères du social, on les trouve documentées dans les différents départements de la bibliothèque de la Part-Dieu, de même que dans les bibliothèques d’arrondissements.
Voici un aperçu succinct du contenu des différentes collections de la bibliothèque de la Part-Dieu :
- Arts et loisirs
- Civilisation
- Fonds Genre et Sexualités
- Documentation régionale
- Fonds ancien
- Fonds Chomarat
- Jeunesse
- Langues et littérature
- Musique
- Photographie
- Sciences et techniques
- Société
Arts et loisirs
On trouve dans ce département des travaux d’histoire de l’art sur les représentations de l’homosexualité, au masculin comme au féminin : par exemple, ceux de Dominique Fernandez et de Marie-Jo Bonnet. Les perspectives sont diverses : centrées sur une période historique, comme l’ouvrage de John R. Clarke pour l’Antiquité romaine, où plus globales, à l’instar de Lydie Pearl dans Corps, sexe et art. Des ouvrages sont consacrés au cinéma, parmi lesquels ceux de Didier Roth Bettoni et d’Alain Brassart. Le département recèle également des études biographiques comme celle de William Bast sur James Dean ou de François Leperlier sur Claude Cahun. Il est possible d’y emprunter des livres consacrés au travail de certains artistes, dont Pierre Molinier, Nan Goldin, ou encore Maria Klonaris et Katerina Thomadaki. D’autres documents, comme l’imposant catalogue d’exposition Féminin-Masculin : le sexe l’art, sont consultables en salle. Plus directement ancré dans l’actualité contemporaine, le « désordre » suscité par l’épidémie de sida est notamment restitué par la recherche du Centre National d’Art Contemporain de Grenoble : Aids Riot : New York, 1987-1994. Dans un tout autre registre, celui de la mode, sont disponibles des ouvrages généraux comme Les garçonnes de Christine Bard ou Les excentriques de Florence Müller, récompensé par le Prix de l’université de la Mode de Lyon.
C’est aussi au département Arts et loisirs que l’on trouve des DVD de fiction tels que Transamerica de Duncan Tucker, Wild side de Sébastien Lifshitz, La mauvaise éducation de Pedro Almodovar, ou encore le film culte de James Bigwood : Pink narcissus. On peut y emprunter des séries télévisées, parmi lesquelles les célèbres Queer As Folk et The L Word. Enfin, des documentaires peuvent être consultés sur place, comme Art et sexe de Heinz Peter Schwerfel, ou empruntés, comme The celluloïd closet de Rob Epstein et Jeffrey Friedman.
Civilisation
Ce département dispose d’ouvrages généraux sur le genre et la famille, notamment en anthropologie : ainsi, ceux de Maurice Godelier et de Françoise Héritier permettent de mettre en perspective divers modèles culturels de masculinité, de féminité et de parenté. Ces derniers varient aussi selon les époques, comme en témoignent l’histoire de l’homosexualité ou du « troisième sexe » que proposent Robert Aldrich (dir.) et Laure Murat. Le livre de Sylvie Steinberg décrit quant à lui les raisons et modalités du travestissement à l’époque moderne. On voit à travers ces différentes contributions comment enjeux sociopolitiques et élaborations théoriques se conjuguent. Actuellement, la question de l’homoparentalité pourrait fort bien illustrer ce fait. Elle est abordée de manière pluridisciplinaire dans l’ouvrage dirigé par par Martine Gross, et plus ciblée avec l’étude longitudinale de 25 filles et garçons (de l’enfance à l’âge adulte) dont rendent compte Fiona Tasker et Susan Golombok. Le domaine psychique renvoie à un autre ensemble de disciplines fortement mobilisées par les questions de sexe, de sexualité et de famille : psychiatrie, psychologie, psychanalyse. Là encore, les approches sont multiples ; signalons, entre autres, l’ouvrage d’Ines Rieder sur une célèbre patiente de Sigmund Freud, celui de Stéphane Clerget sur la construction de l’orientation sexuelle, ou encore l’étude critique de Sabine Prokhoris sur l’usage théorique et politique de la notion de différence des sexes. Au chapitre des évolutions ou résistances morales, on peut signaler l’enquête d’Hélène Buisson-Fenet sur l’Église et l’homosexualité masculine en France. Le département Civilisation est par ailleurs riche d’ouvrages de philosophie, dont la plupart des textes fondateurs de la théorie queer, comme ceux de Judith Butler. On y trouve également les désormais classiques de David Halperin sur les apports de l’œuvre de Michel Foucault à la politique et aux études LGBT, dont on peut compléter la lecture par L’invention de l’hétérosexualité de Jonathan Ned Katz.
Certaines des nombreuses revues auxquelles le département est abonné consacrent des dossiers aux questions de genre et de sexualités : par exemple, le numéro 11 (2007) de Philosophie Magazine, le numéro 53 (2006) de la Revue d’histoire moderne et contemporaine, le numéro 40 (2003) de Rue Descartes, le numéro 33 (2003) du Journal de la psychanalyse de l’enfant, le numero 10 (1999) de Clio… Enfin, des DVD sont empruntables, comme le documentaire de Jean-Michel Vennemani et Yves Jeuland sur le mariage de Bègles en 2004, Désirs et sexualités, docu-fiction de Nils Tavernier parcourant tous les milieux sociaux ou L’histoire du sexe, série documentaire de Discovery Channel.
Documentation régionale
La documentation régionale a notamment archivé certains articles ou dossiers issus de la presse régionale, tels que des suppléments Gay Pride de Lyon capitale. Ses collections recèlent également des périodiques gay et lesbiens témoignant de l’histoire associative et culturelle lyonnaise depuis les années 1970. Ainsi, la revue Interlopes du GLH (groupe de libération homosexuel), Chéries, chéris…, bimestriel de l’association ARIS (accueil rencontres informations services) et Tabloïd, mensuel édité par Lyon capitale. C’est actuellement dans ce département que l’on peut consulter le mensuel gratuit Hétéroclite. En rayon également, un ouvrage de Philippe Roché sur les modes de vie gay en région Rhône-Alpes.
Fonds ancien
La BmL possède des fonds anciens d’une grande étendue et d’une grande profondeur. On y trouve, par exemple, des ouvrages du début du XVIIe siècle aux titres évocateurs, tel le traité politique de Jonathas Petit de Brétigny contre l’efféminement intitulé L’Anti-Hermaphrodite ou le Secret, tant désiré de beaucoup de l’advis proposé au Roy pour reparer par un bel ordre, et legitime moyen aussi facilement qu’insensiblement, tous les desordres, impietés, injustices, abus, méchancetez et corruption qui sont en ce royaume. Et ce par la disposition des iours diuers de deux semaines, par lesquelles l’on cognoistra aysément la preuve et la vérité de tout. En 1707, le juriste Charles Ancillon publie, sous le nom de C. d’Ollincan, une histoire sociale des eunuques, qu’il classe en différents types avant de considérer la question de leur mariage. C’est également le mariage d’Anne Jean-Baptiste Greandjean qui fait l’objet d’un procès à rebondissements, retentissant dans toute l’Europe durant la dernière partie du XVIIIe siècle.
Au cours du XIXe siècle, l’institution médicale assoit peu à peu son autorité face aux superstitions religieuses et profanes, sans pour autant se départir de préjugés. Le fonds Lacassagne en est un excellent témoin, fort riche sur les questions de genre et de sexualités, notamment grâce aux principaux travaux des concepteurs européens de la sexologie : Karl Heinrich Ulrichs, Edward Carpenter, Richard Von Krafft Ebing, Havelock Ellis, et Magnus Hirschfeld. D’autres travaux réunis dans ce fonds n’ont pas eu le même retentissement mais sont tout aussi représentatifs des préoccupations et modèles théoriques de l’époque. Ainsi ceux d’Alexandre Lacassagne lui-même, de Marc André Raffalovitch, de Charles Féré, ou encore de Paul Brouardel.
Le contenu littéraire des fonds anciens de la BmL est également riche. On y trouve notamment la première traduction française de Sappho datant de 1681, par la jeune Anne Le Fèvre. De même qu’une collection importante de recueils de poèmes de Renée Vivien, dont les éditions originales de Brumes de fjords, Du vert au violet, Les Kitharèdes, La Vénus des aveugles. Plus connu du grand public, Marcel Proust publie Du côté de chez Swann à compte d’auteur chez Grasset en 1913. Une nouvelle version voit toutefois le jour en 1919, inaugurant la publication des quatorze tomes d’A la recherche du temps perdu jusqu’en 1927. Cette édition de Gallimard est consultable au sein du département des fonds ancien.
L’entrelacs de discours (médiatiques, artistiques, scientifiques) sur les sexes et leurs relationsmarquant l’aube du XXe siècle peut être illustré par l’histoire de Perversion et perversité sexuelles du docteur Laupts (pseudonyme de Georges Saint-Paul). En 1895, Emile Zola l’autorisait en effet à publier les confessions que lui avait fait parvenir un jeune homme italien tourmenté par sa nature féminine. La lettre de l’écrivain constitue la préface de cet ouvrage dont on trouve un exemplaire dans le fonds Lacassagne et un second dans la Collection jésuite des Fontaines. Cette dernière recèle également une édition presque complète des Études de psychologie sexuelle d’Havelock Ellis, ainsi que des ouvrages plus anciens comme le traité du professeur Garnier sur les dangers du célibat, ou le travail du docteur Caufeynon (pseudonyme de Jean Fauconney) sur l’ « eunuchisme ». Cette collection encyclopédique n’est cependant pas à proprement parler ancienne et recèle nombre de documents modernes parmi lesquels des romans : Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, ou encore Chaque homme dans sa nuit de Julien Green.
Fonds Chomarat
Le fonds Chomarat est une collection déposée à la BmL en 1992 (voir Histoire du Centre). Les documents qui la composent demeurent la propriété privée de Michel Chomarat. Bien que couvrant différents domaines, ce fonds est d’une grande richesse sur les questions LGBT. Son intérêt réside notamment dans la variété historique et typologique des documents conservés dont certains, anciens ou récents, ne sont pas présents dans les autres collections de la bibliothèque. C’est le cas des Recherches historiques sur le sexe du Chevalier d’Éon, d’une pièce de théâtre sur Sappho et de sa partition musicale, ou encore des Mémoires de l’abbé de Choisy habillé en femme. Le fonds dispose aussi d’essais et de romans célèbres comme le faussement moraliste Mademoiselle Giraud, ma femme qui fit la fortune d’Adolphe Belot et, à mille lieux de ce propos, l’édition de 1920 des Pensées d’une Amazone de Natalie Clifford Barney. Dans un registre plus récent, le fonds Chomarat détient également la première édition des Mauvais Anges, roman qu’Eric Jourdan rédigea adolescent et qui fut interdit avant de reparaître quelque trente années plus tard.
Il est d’autre part riche d’archives contemporaines, précieux repères sociologiques des luttes et expériences gay et lesbiennes, notamment au cours des années sida. On y trouve ainsi des exemplaires issus de plusieurs dizaines de titres de bulletins associatifs, fanzines et périodiques, parmi lesquels Aleph-information, Homophonies, La Lettre de la Commission Nationale Homosexuelle (Jeunesses communistes révolutionnaires), Androzine, Bulletin L.G.R. (les gais retraités), Gai Pied, Star, La Revue H, Gare ! (gays et lesbiennes du rail), Inverses. L’aspect iconographique est également important. Le fonds comporte des estampes anciennes comme Les gens de Sodome sont frappez d’aveuglement, ou encore Henri III et ses Mignons. De nombreuses affiches constituent par ailleurs les jalons d’une mémoire locale et internationale depuis les années 70 : par exemple, L’autre amour (1976), Le regard des autres (1979), Non aux lois discriminatoires (1980), Lesbienne de mon cœur tu sais qui a raison (1986), Pédés réveillez-vous (1991), 4th Leadership Course on Gender,Sexuality & Health in Southeast Asia and China (2005).
Le fonds Chomarat, en cours d’indexation, recèle davantage d’archives associatives, des correspondances, des recueils thématiques d’articles de presse, des cartes postales, des photos, des documents audio et des videos… Pour un aperçu en images de ce fonds, consulter l’exposition Follement gay ! en ligne. M. Chomarat édite en outre Passion privée, bulletin d’information du fonds Michel Chomarat et Mémoire Gaie, bulletin d’information sur l’histoire des gays à Lyon.
Jeunesse
Le département Jeunesse dispose d’ouvrages pour enfants et adolescents sur le sida, l’homosexualité et l’homoparentalité dont nous avons fait une bibliographie.
Cette bibliographie comporte également des titres appartenant aux collections du département Langues et littérature.
Langues et littérature
Les collections de ce département sont vastes et éclectiques. S’y côtoient des auteur-e-s de sensibilités et d’horizons divers. Parmi les ouvrages classiques, citons Le portrait de Dorian Gray (en français ou en anglais) qui fit connaître Oscar Wilde. Le procès intenté à l’écrivain par le père de son amant, et qui lui valut une peine de deux ans de travaux forcés en vertu d’une loi de 1885 interdisant l’homosexualité, est relaté par Odon Vallet. Oscar Wilde rencontra André Gide à quelques reprises et fit forte impression au jeune homme comme en témoignent les lignes qui lui sont consacrées dans Si le grain ne meurt. Cette autobiographie relate également la découverte par André Gide de son désir pour les hommes, mais c’est surtout à travers son essai Corydon qu’il entend combattre les préjugés contre l’homosexualité. Proche de Gide et de Proust, Jean Cocteau eut quelques craintes à signer Le livre Blanc, un de ses livres les plus intimes et véritable hymne à la sensualité homosexuelle. Quelques années plus tard, en 1932, Colette avait 59 ans lorsqu’elle publia Ces plaisirs… dont le titre deviendra Le pur et l’impur en 1941. La BmL en possède l’édition illustrée par Jean Cocteau (à consulter sur place) ainsi qu’une édition récente empruntable au département Langues et littérature. Il en va de même pour les ouvrages de Jean Genet dont la BmL conserve, par exemple, l’édition originale du Miracle de la Rose, tandis que la réédition de Notre-dame-des-fleurs est empruntable. Le département dispose également d’oeuvres littéraires d’intellectuels militants comme Guy Hocquenghem et Monique Wittig.Parmi les nombreux essais, romans et nouvelles d’Edmund White, signalons particulièrement La bibliothèque qui brûle, dans lequel l’auteur contextualise d’un point de vue artistique et social la production littéraire dite homosexuelle au cours des trente dernières années du XXe siècle.
Les personnages lesbiens, gay, bi, trans… ont investi les romans policiers au cours de ces deux dernières décennies, en particulier sous la plume de femmes : citons, par exemple, les romans de Sandra Scoppettone et d’Anne Holt. La littérature fantastique et la science fiction fournissent aussi de belles pages, avec notamment des ouvrages de Francis Berthelot dont Hadès Palace. Il faut bien sûr signaler des auteur-e-s revendiquant le « label » gay et lesbien ou bien dont l’œuvre est partiellement ou intégralement étiquetée comme telle (au risque d’une approche parfois réductrice) : Armistead Maupin, Sarah Waters, Will Self, Anne Garréta, Nina Bouraoui, Guillaume Dustan… Enfin, parmi les parutions récentes (à l’heure où nous rédigeons ces lignes) abordant plus ou moins directement les thématiques LGBT, on peut citer : Les adolescents troglodytes, Un bras dedans, un bras dehors, Deux personnages sur un lit avec témoins, ou encore En haut des marches.
Musique
S’il existe en littérature (y compris en France) une ligne éditoriale gay et lesbienne, des auteur-e-s et des romans identifiés comme spécifiquement LGBT, ou bien des fictions consacrées à ces thématiques, on serait en peine de dégager un corpus similaire en musique. Il s’agit donc plus de visibiliser la présence de ces représentations et expressions que de réifier un nouveau domaine. En prenant le parti de nous intéresser aux thèmes évoqués par les artistes et non uniquement à leur personnalité, nous élargissons le champ de notre attention. Ici, peut-être plus qu’ailleurs, il est manifeste qu’entre identité, sensibilité et pratiques il n’y a pas forcément de correspondance univoque.
Plusieurs opéras de Benjamin Britten, dont Mort à Venise (1973), sont empruntables au département Musique. Dans le domaine de la chanson française, signalons d’emblée la collection conséquente réunie par Martin Pénet (2006) : Chanson interlopes : 1906-1966. En 1973, il y a bien sûr Comme ils disent de Charles Aznavour puis, entre autres, La plus belle fois qu’on m’a dit je t’aime de Francis Lalanne (1984). Dans un autre style, on ne peut ignorer 3e sexe et Canary Bay sur le troisième album d’Indochine (1985). Plus proche de nous, citons par exemple Monocle et col dur et Monsieur Vénus de Juliette sur son album de 1993, ou bien Les hommes que j’aime de la Rue Kétanou (2002). Plus étonnant, les Disposable Heroes of Hiphoprisy offrent avec Language of violence un intéressant texte de rap sur l’homophobie (1992). Au rayon disco, on trouve évidemment les Village People et leurs nombreuses contributions entre 1977 et 1985. Dans le domaine de la pop et du pop rock, relevons par exemple Lola des Kinks (1970), Good old fashioned lover boy de Queen (1976), Nancy boy de Placebo (1996) ou encore Andy, you’re a star des Killers (2004). I want the one I can’t have (1985) des incontournables Smiths pourrait représenter l’apport de la brit pop. Du côté des indépendants, on trouve notamment Hot topic du Tigre (1999), The man that I am with my man des Hidden Cameras (2003), ou Sex changes des Dresden Dolls (2006). Dans le domaine électronique, on peut signaler 1963 de New order (1987) ou I U She de Peaches (2003). Enfin, parmi les nombreuses références de variétés internationales, citons par exemple : All the girls love Alice d’Elton John (1973), Real men de Joe Jackson (1982), Smalltown boy des Bronski Beat (1984) menés par Jimmy Somerville, Billy Brown de Mika (2007)…
Les éditions CD sont empruntables, mais des microsillons originaux sont également conservés.
Photographie
La Bibliothèque Municipale de Lyon possède une importante collection de photographies, provenant en large partie de l’ancienne Fondation Nationale de la Photographie. C’est notamment le cas de la série de photographies des Sisters of Perpetual Indulgence, dont certaines sont empruntables à l’Artothèque, réalisée par Jean Baptiste Carhaix à San Francisco entre 1983 et 1993.
Sciences et techniques
Force est de constater que les manuels de sexologie et d’éducation sexuelle abordant la sexualité d’un point de vue non exclusivement hétérosexuel sont rares et timides. On peut néanmoins mettre en perspective une histoire de la sexologie et une histoire des techniques amoureuses, toutes deux illustrées. D’autres ouvrages du département Sciences et techniques s’intéressent à la différenciation des sexes dans une perspective épistémologique et historique, comme celui dirigé par Delphine Gardey et Ilana Löwy. Catherine Vidal, neurobiologiste, offre un point de vue spécialisé sur la question, distinguant ce qui est de l’ordre des déterminismes socioculturels, de l’interprétation idéologique et de la biologie proprement dite dans des ouvrages très accessibles : Hommes, femmes, avons-nous le même cerveau ? ou Cerveau, sexe et pouvoir.
D’autres auteur-e-s, comme Alain Giami et Marie Ange Schiltz,abordent la sexualité d’un point de vue sociologique, en l’occurrence assorti d’une réflexion méthodologique. Parce qu’elle atteint tant le corps biologique que le corps social, l’épidémie de sida suscite des réflexions de divers ordres. Considérons tout d’abord l’aspect géopolitique avec notamment les contributions de Monika Steffen sur l’Europe et de Peter Piot sur la mondialisation des risques. Patrice Pinell cerne plus spécifiquement la mobilisation politique en France. Steven Epstein se livre quant à lui à une histoire sociale du sida, éclairant l’aménagement progressif d’une dynamique conjointe, parfois heurtée, entre institutions médicales et société civile. Claude Thiaudière et Janine Barbot abondent dans ce sens. Le travail de Sébastien Dalgalarrondo sur la course aux molécules inaugure quant à lui une « sociologie du médicament ». C’est également aux traitements et à la qualité de vie qu’est consacré le guide de l’association AIDES. Le vécu subjectif de la maladie est rendu dans les ouvrages de Janine Pierret et de Rommel Mendès-Leite.
Le professeur Michel Kazatchkine, immunologiste et alors directeur de l’Agence Nationale de Recherche sur le Sida, témoigne des changements suscités par cette maladie dans la relation entre patients et soignant. Alexandra Olivero et Jérôme Palazzolo abordent ce phénomène d’un point de vue plus distancé. Cette même interaction particulière se rejoue dans un tout autre contexte culturel, celui de l’Inde où officie le Dr Nagesh filmé par Dominique Henry et Vincent Detours. Ce dernier avait abordé l’épidémie de sida dans un précédent documentaire, via une histoire de l’AZT.
Société
On trouve dans le département Société des ouvrages de référence comme le dictionnaire des cultures gays et lesbiennes dirigé par Didier Eribon, le livre d’Anne et Marine Rambach plus ciblé sur la France contemporaine, le dictionnaire de l’homophobie dirigé par Louis-Georges Tin, ou encore les rapports annuels de l’association SOS Homophobie. Homosexualité ou homosexualités ? L’ouvrage de Pierre Verdrager et celui dirigé par Bruneau Perreau font osciller les lecteurs entre une sociologie compréhensive et une irréductible pluralité de perspectives. Stéphanie Arc s’attarde quant à elle sur les discours et représentations sociales concernant les lesbiennes. A travers l’inversion de la question homosexuelle, Eric Fassin montre le renversement de perspective introduit par les luttes homosexuelles tant en théorie qu’en société, où elles ont induit un questionnement de la normativité.
C’est bien l’ensemble du champ social de la sexualité qui est actuellement soumis à des évolutions dont rendent compte notamment la philosophe Valérie Daoust et le sociologue Anthony Giddens : leurs ouvrages abordent le surgissement de l’intime dans le domaine public et plus généralement les développements institutionnels et identitaires de la sexualité en Occident. Le droit, autre domaine important du département Société, fournit un repère fiable des récentes évolutions concernant le couple. Tandis que l’ouvrage dirigé par Jacqueline Flauss-Diem et Georges Fauré met en perspective la législation française et celles d’autres pays européens, Sylvie Dibos-Lacroux propose un guide pratique du PaCS%20le%20guide%20pratique]. L’homoparentalité fait l’objet d’analyses diverses, comme en témoignent les approches scientifiques et politiques de la IIIe conférence internationale sur l’homoparentalité, auxquelles contribue notamment le pédopsychiatre Stéphane Nadaud.
Aux confins du biologique et du social, le sida est également abordé de multiples points de vue dont le plus immédiat est sans doute l’enquête sur les pratiques sexuelles et les attitudes de prévention proposée par Nathalie Bajos et Michel Bozon. Michael Rinn aborde quant à lui la question sous l’angle de la communication et des discours sociaux contre le sida. La discrimination liée à la maladie et ses conséquences subjectives donnent matière à une sociologie du secret telle qu’élaborée par Laura Mellini, Alberto Godenzi et Jacqueline de Puy dans Le sida ne se dit pas.
Le département Société propose également des vidéos empruntables. Le FHAR (Front homosexuel d’action révolutionnaire) de Carole Roussopoulos que l’on peut également consulter sur place. Enfin, c’est parmi les périodiques d’actualité de ce département que l’on peut consulter le magazine Têtu.