Le fonds chinois 里昂市立圖書館中文部
Li Shizeng (1881-1973)
Li Shizeng (Li Yuying) naît en 1881 à Gaoyang (province de Hebei) dans une famille de mandarins dont certains sont hauts dignitaires sous la dynastie mandchoue.
Élevé dans un esprit de grande ouverture à l’égard de l’Occident, Li Shizeng part en 1903 pour Paris, accompagnant Sun Baoqi, alors ambassadeur de l’empire chinois en France. Sitôt en France, Li Shizeng ne souhaite pas continuer la tradition familiale et devenir mandarin, mais entre à l’école pratique d’agriculture de Montargis où il demeure trois années. Il consacre ensuite trois autres années à l’étude la chimie et de la biologie à la Sorbonne et à l’Institut Pasteur.
En 1907, Li Shizeng adhère à la Ligue jurée (Tongmenghui).
En 1909, Li Shizeng rentre en Chine d’où il repart aussitôt accompagné d’une trentaine d’ouvriers qu’il emploie dans son usine de la banlieue parisienne (à La Garenne-Colombes), appelée la Caséo-sojaïne (Sun Yat-sen de passage à Paris en 1909 la visite). L’intention de Li Shizeng est double : d’une part, fabriquer des produits dérivés du soja, aliment bon marché qui — selon lui — peut vaincre les famines que connaît la Chine ; d’autre part d’attirer en France des ouvriers chinois afin qu’ils travaillent tout en étudiant (travail intellectuel et travail manuel étant également répartis). Ainsi est lancé le Mouvement travail-études.
Grâce à ce principe, un peu plus de deux mille étudiants chinois viennent en France au début du XXe siècle, mais en raison des problèmes économiques que connaît la France, ces étudiants ont de plus en plus de mal à trouver du travail pour financer leurs études.
Li Shizeng rentre en Chine à l’occasion de la Révolution de 1911.
Quelques années plus tard, en 1914, il ouvre le premier restaurant chinois de Paris.
En 1915, il fonde à Paris la Société du travail diligent et des études frugales (Qingong jianxue hui) puis en 1916 avec Cai Yuanpei il crée la Société franco-chinoise d’éducation (Hua Fa jiaoyuhui). Une grande partie de sa vie est consacrée à la coopération franco-chinoise dans le domaine de l’éducation : il est à l’initiative de l’Université franco-chinoise de Pékin, et d’autres institutions internationales telle la Bibliothèque sino-internationale de Genève.
Li Shizeng rentre en Chine après la défaite du Japon et se rend à Shanghai ; en 1956, il part pour Taiwan où il décède en 1973, à l’âge de 92 ans.
Personnalité hors du commun, Li Shizeng a consacré sa vie à la promotion de l’éducation. Politiquement proche de certains milieux anarchistes chinois — il a lu Proudhon et Kropotkine —, sa morale politique est teintée d’universalisme et d’un syncrétisme qui puise dans la tradition chinoise et les libertaires occidentaux. Pendant plusieurs dizaines d’années, sa vie est imprégnée des cultures française et chinoise. Sa contribution à la formation des élites chinoises d’avant 1949 est immense.
L’histoire de l’IFCL | Cai Yuanpei (1868-1940)
Remerciements : Département des Études chinoises - Université Jean Moulin Lyon 3, établissement propriétaire du fonds de l’Institut franco-chinois de Lyon.
Crédit photographique : Bibliothèque municipale de Lyon, Didier Nicole.