Tremplin poétique

Le Tremplin Poétique valorise les pratiques d’écriture amateures et permet la découverte de la création poétique contemporaine, à travers un concours, des lectures et divers ateliers.
Pour sa quatorzième édition, la bibliothèque de Lyon a le plaisir d’inviter le poète et slameur Mehdi Krüger.

Retour de l’atelier à la bibliothèque de la Duchère

En ce matin ensoleillé du jeudi 12 mai, nous nous retrouvons pour un dernier atelier à la bibliothèque de la Duchère. Après la Nuit de la poésie, nous nous préparons pour une journée de poésie. Nous accueillons des têtes connues, amies d’anciens ateliers, et de nouvelles pour partager ce dernier atelier d’écriture avec Tania Tchénio.

"Durant toute la durée du Tremplin Poétique, Alice, stagiaire au sein de la bibliothèque, se promène dans toutes les bibliothèques pour vous rapporter son expérience des ateliers et des rencontres poétiques auprès de Tania Tchénio".

Autour d’un thé ou d’un café, nous commençons par un tour de table pour en savoir un peu plus sur les uns et les autres. Puis nous entamons notre écriture par de petits échauffements pour lancer la machine. Ensuite Tania nous propose différentes consignes courtes autour de la nuit. Par exemple, elle nous passe un morceau de musique qui nous aide à trouver l’inspiration.
Lorsque les ventres commencent à crier famine, nous profitons du beau temps pour faire un pique-nique dans l’herbe, sur une jolie place avec vue. Ce moment convivial de partage est très agréable et nous permet de mieux nous connaître. Puis nous retournons nous plonger dans les écrits avec des consignes un peu plus longues comme celle de faire un Autoportrait de la nuit.
A la fin, tandis qu’au dehors on entend doucement pleuvioter, nous partageons tous quelque chose : un texte, une impression, un sentiment avant de devoir nous quitter.
Voici quelques textes écrits durant ce moment :

Texte 1

Je te souhaite de chanter l’effort.
Je te souhaite d’ouvrir la porte des étoiles.
Je te souhaite de nager légère dans les « mares à thon ».
Je te souhaite d’effacer une seconde l’oubli.
Je te souhaite de te découvrir dans le miroir aux alouettes.
Je te souhaite de boire tes émotions avec quelques glaçons
Elisabeth IMMELE

Texte 2

Je suis née au crépuscule dans un univers visiblement infini et dès mon plus jeune âge, j’ai aimé me mirer dans les étoiles, jusqu’au jour où l’étoile polaire a parasité mon image. Elle m’a renvoyé en plein visage ses lueurs profondes, sûre d’elle et fière d’être un repère pour les humains...Mon corps a alors blanchi en quelques secondes et mes bras l’ont entourée pour lui suggérer de rejoindre ses sœurs les planètes. Je voulais qu’elle file mais pas en étoile car mon corps était alors à l’Ouest, incapable de respirer à plein poumon ou de se moucher dans les étoiles. Je voulais simplement sentir l’attraction environnante, non pas le manège du coin mais l’apesanteur ambiante qui n’en finissait pas d’attirer mon attention... car en fait, elle s’ajustait à juste titre à ce cosmos qui l’entourait. L’apesanteur, véritable perruque de la nuit, improvisait à chacune de mes sorties un sketch drôlatique jusqu’au jour où elle me dit « Tu veux que j’te fasse ton portait ? »
Au même moment, quelques drones qui se croyaient drôles ont chanté à tue-tête : « Douce nuit.... sainte nuit ». Et là, je leur ai parlé des mots durs de l’apesanteur et ils m’ont expliqué qu’en ce moment beaucoup d’engins mécaniques cherchaient à la défier et que cela la rendait parfois agressive. Ils m’ont conseillé de happer ses senteurs plutôt que de sentir ses peurs. J’étais alors en suspension et sentais dans mes bras, mes jambes et surtout ma tête, qu’un trait d’union venait de naître entre la nuit et le jour.
Elisabeth IMMELE

Texte 3

Je suis infinie. Je suis hors du temps. Je suis l’amie des rêveurs. Je suis l’ennemi des insomniaques. Je suis obscure. Je transforme ce qui m’entoure. Je suis bleu prussien, rose fuchsia, indigo crépusculaire, orange automnale, noir profonde. Je suis changeante. J’apporte le repose, la douceur, l’apaisement. Je suis le lieu d’angoisses, de peurs, de terreurs. Je suis souvent seule. Je suis la compagne du chat de gouttière et du loup qui hurle. Je chuchote aux oreilles des artistes. Je converse de longues heures avec la lune. Je murmure des berceuses aux enfants. Je suis la toile de milliards d’étoiles. Je transfigure les étoiles brisées en rêves à venir. Je tisse un cocon pour les amoureux. Je me regarde dans la mer. J’écoute le bruissement de mes sauvages compagnons. J’offre aux survivants des pensées de ce qui sont partis. Je suis lunatique. Je sculpte des monstres soules lits et dans les placards. Je suis longue. Je me cache pour ce qui me cherche. Je suis inquiétante pour ce qui me craigne. Je suis bruyante. Je suis silence. Je suis le néant… et tout cela à la fois.
Anonyme