Tremplin poétique
Le Tremplin Poétique valorise les pratiques d’écriture amateures et permet la découverte de la création poétique contemporaine, à travers un concours, des lectures et divers ateliers.
Poèmes sélectionnés par le jury 2018
Tremplin poétique 2018
Un feu sur la langue
Ça commence toujours par une étincelle dans le cœur
Ça devient du feu dans tout le corps,
Ça continue dans la gorge et …
D’un coup, comme une bougie, qui s’allume,
On décide de déclarer sa flamme.
Face à face on se regarde et au moment de se lancer,
Le feu reste sur le bout de notre langue.
Mais la flamme ne s’éteint pas.
Lola Dos Reis
Je ne sais où regarder depuis ce bateau.
Sur un bord, il tangue, secoué par les vents,
Sur l’autre, sans vagues, nous porte l’océan.
De la proue, je vois le port, nous y serons tôt.
Depuis la poupe, des épaves à perte de vue,
Restes des tempêtes de colères et de pleurs,
Frappent la coque. De leur souvenir, j’ai peur.
De la proue, je vois le port, je devine ses rues.
Le bateau abîmé, le capitaine lassé
Quand pourrons-nous sur la terre nous reposer ?
De la proue, je vois le port, quelqu’un nous espère.
Plus question de trembler de toutes ces secousses,
Mon âme réclame une éternité douce.
De la proue, je vois le port. Et je désespère.
Roger Guion
Mes aïeules me confièrent une langue.
Une langue dont elles étaient fières
mais
une langue à enfouir
Une langue pour le dedansMa langue,
celle pour le dehors,
était faite pour le françaisJ’appris, je m’appliquais
mais parfois la première, la friponne
n’en pouvait plus de se cacher.
Elle pointait un doigt, un œil
vite repérés par le
stylo rougeSlash-rouge- impropre
Slash-rouge-mal dit
Slash-rouge-incorrect
Slash-Slash-Slash
A force de rouge
ma langue fut lacérée
Saigne ma langue
devient brûlante
s’enflamme, se consume
se volatilise
Ne restent que des scories.
Annie Fantino
Une tasse à café
Est restée vide sur le comptoir.
Sur le rebord,
Où tes lèvres sont tombées,
Subsiste une lune rouge.
Elle s’adresse à l’érable
Enchevêtré d’automne
Dans le silence de la fenêtre.
Et chacune des feuilles
Cisaillée par le vent,
Comprend ce que partir
Veut dire.
Patricia Strauss
Naufrage
Y’a du roulis, y’a du tangage,
La mer me parle son langageJ’ai l’vague à l’âme et lame de fond
Le cœur tout transpercé d’hameçonsOù est ma sirène, je crève de peine
J’ai trop la haine et mon cœur saigneSans toi ma vie est hors d’usage,
à la poubelle, pas d’recyclageY’a du roulis, y’a du tangage,
Et je me cramponne au bastingageJ’voudrais mourir mais j’ai trop peur
C’est vrai qu’on peut choisir son heure ?Ma vie ressemble à un naufrage
et je n’ai pas de bouée de sauvetageUne Marée noire sur côte sauvage
Tais-toi et nage ! Tais-toi et nage !La mer m’a dit vient dans mes bras
mais elle n’a pas voulu de moiElle m’a vomi sur le rivage,
je lui ai craché toute ma rageLes mouettes se marrent
J’suis pas une tareVos gueules les mouettes
j’veux qu’on m’respectej’veux du silence et d’la mémoire
m’enfoncer dans mon désespoir,20 ans c’est pas la mer à boire
mais l’addition est trop saléeCirculez y a plus rien à voir
Rien qu’un looser qui va creverOu est ma sirène, j’veux ma sirène
où est ma sirène, j’ veux ma sirène
Christine de Laguérie
Dans la cendre je marche
Ils ont mis le feu à ma forêt, à mes taillis, à mes futaies. Tout a brûlé. Tout. Que cendre sur le sol. Depuis dans la cendre je marche. C’est dans la cendre que je marche. C’est la cendre qui me marche, qui me pousse, qui me tousse, qui m’étouffe, me bouche la bouche et les narines, me bouche les veines, me bouche le sang. C’est la cendre qui me bouffe, qui me souffre, qui me gouffre.
C’est la cendre qui me rentre, qui s’insinue, qui s’interstice. Par les pores me rentre, par les pores de ma peau, par mon corps troué, par les trous de mon cœur. Sous les ongles me rentre. Dans les orbites me creuse, me sort par les yeux, par les oreilles me rentre, par les orteils me rentre. La cendre me pénètre, me perce, me transperce, m’éclate clavicules, me fractale vertébrale, me mange les os, me ronge le squelette.
La cendre « me ténèbre », me « veugle » les yeux, me « veugle » les pieds et les mains. Aveugle je tâtonne, je tâtonne des yeux, je tâtonne des pieds, je tâtonne des mains.
Je marche à tâtonne, mais je marche. Je marche dans la cendre, mais je marche. Je trace mon chemin, je marche ma route. Je prends des chemins de traverse, je marche de travers, mais je marche. La cendre me traverse, mais je traverse la cendre, je la traverse. Sous mes pieds la cendre me vole, mais je vole la cendre, je la vole avec mes mains. Je souffle la cendre, je la souffle avec ma bouche, je la gonfle, je gonfle la cendre, je la sphère, je la bulle, je me bulle, me décolle, me soulève, prends des ailles, je m’élève, je m’envole, je vole ! Je vole !
Béatrice Aupetit-Vavin
La passoire
Demi-ballon percé de trous
Aux anses élégantes
Monté sur un trépied
La passoire
Ouverte largement à l’état transitoire
De l’eau fraîche qui coule
Du poireau qui égoutte
Impose son vide sU1prenant
Son utilité passagère
En équilibre sur la pierre d’évier
Révélant l’éclat terne
De sa panse d’alumi1ùum
Aux sourdes brèves résonnances
Béance familière
Pourtant vertigineuse où la pensée se perd
Claude Duvivier
L’arbre
L’arbre dresse ses branches
et admire son pâle reflet.
Il luit dans l’eau sous l’éclat blanc de la lune.
Une douce brise.
La feuille de son sommet
se pose au creux de l’arbre d’eau
et déforme son reflet.
Des fines vaguelettes
ornent son rameau.
Les cratères de la lune
sur la surface brune
de l’arbre miroir.
Zoi Mei
Jour d’été (à la manière de Loïc Demey)
Elle se petits pas vers la pointe de l’île. Et se mèche derrière l’oreille. L’île s’explosion de chaleur. Autour de nous les feuilles se palpitation de lumière. Et l’air se dilatation des senteurs des herbes et des fleurs.
Je me chemin jusqu’à elle et sa robe bleue brillance à petites bretelles. Ses mèches se parfum d’abricot et de miel. Elle s’orteil dans la rivière. Elle me rire de joie. Je me pincement et prière sans réveil. Elle me lèvres sur la paupière.
On se banc. On s’herbe. On se sable. Je la pierres dorées de 1530 et 1610. Elle me ballet en Suisse. Je la Maurice Scève. Elle me recette de chocolat en fèves. Je la Shakespeare & Company. Elle me Festival d’Annecy.
Je m’arbre le dos et elle se dos contre moi. Je la Stefan Zweig à voix haute. Elle se tressautement léger. Mes yeux se fermeture et son corps se sommeil. Sa peau nue se douce contre moi. Sa nuque me brûlure la poitrine.
Sa chevelure me plongeon dans le vin du souvenir. Je la passion, elle me folie.
Nicolas Pain
Fêtu de feu
Un feu sur la langue
Le maître de l’air attise le jeu
Un puit sous la langue
Le mot roule et coule, se noie dans la fougueUn feu sur la langue
Le maître du jeu suffoque et s’offusque
Au peu de la langue
Un mot brut, bois bute, abrasif s’embraseUn feu sur la langue
Le jeu, arbitraire, est devenu maître
Pour les fous de langue
Le mot s’est tu, mais moi, têtu, je le répète
Nadège Del
Un feu sur la langue
Sur ma langue, un feu
Dans ma bouche, la chaleur,
Les mots me brûlent,
Incontrôlables, ils crépitent.
Les lettres frétillent,
Les phrases partent en flammes,
Les couplets virent au rouge,
Et les poèmes finissent en cendres.
Lara Boiteux
Errance administrative
Monsieur le président
Je vous fais une lettre que vous ne lirez pas. Vous n’avez pas le temps. Vous n’avez plus le temps de regarder les chevaux de la nuit. De les voir galoper dans l’entrave d’un corridor. Leurs pas sont des lucarnes qui éclairent les rêves roses sous mes paupières. Vous ne les voyez pas, Monsieur le président. Vous n’entendez pas les rêvent qui claquent debout dans mon cœur.
Tendez l’oreille, Monsieur le président, écoutez s’agiter l’eau de mes pensées sous une caravelle exténuée de neige morte. Écoutez mes os qui se soulèvent et qui s’agitent. Ce n’est pas moi, Monsieur le président, c’est le cheval de mes nuits. Regardez le galoper dans l’entrave d’un corridor. Il tire une caravelle exténuée de neige morte. Ses pas sont les lucarnes de mon cœur. Il est rose, Monsieur le président, il est rose comme les rêves cousus sous mes paupières. Écoutez mes os qui se soulèvent et qui claquent. Vous savez, mes rêves sont plus aiguisés que des couteaux, plus aiguisés que les crocs des chiens qui hurlent à toutes les portes. Je sais des songes, monsieur le président. Je sais coudre des songes au sommet de mes lèvres. Je sais coudre de l’ombre à mes cils. Je couds mes rêves sur vos paupières, Monsieur le président.
Veuillez recevoir, Monsieur le président, mes os exténués dans une caravelle de neige morte.
Béatrice Boissière
Consolation
Ne pleure pas petite fille
Il n’y a plus d’Eldorado
Tout l’or du monde est dans des îles
Où s’échoueront de grands radeaux
On s’habitue à trop de choses
Même à des mensonges d’État
A l’agonie de tant de roses
Qu’on entend pas qu’on entend pas
Ne pleure pas petite fille
Ta valeur humaine tombera
Comme au bowling tombent les quilles
Car un robot t’évincera
On s’habitue à trop de choses
Même à des mensonges d’État
A l’agonie de tant de roses
Qu’on entend pas qu’on entend pas
Ne pleure pas petite fille
Un jour où l’autre tu mourras
Dans l’eau acide où s’éparpille
Le corail qui t’accueillera
On peut encore faire des choses
Contre les trusts scélérats
Contre la peur les temps moroses
Oui on ira ! Oui on ira !
Ne pleure pas petite fille
Dans un refus assourdissant
Naîtra un jour petite fille
Un nouveau chant des partisans
Eliane Chaponik
Qu’on leur foute la paix aux animaux
Il faut les laisser en paix,
Ils ont rien fait de mal,
Ils tuent les girafes, pour les manteaux et les foulards, Il faut pas tuer les singes,
Qu’ils vivent en liberté,
Il faut pas tuer les crocodiles,
Pour en faire des sacs à main et des chaussures,
Ils sont tristes les animaux,
Ça fait du mal aux gens,
Les poils de canard, ils en prennent pour des éventails, Qu’ils laissent tranquille les animaux,
Qu’ils leur foutent la paix
Véronique Bouvet
Les animaux courent,
Et on les tue,
C’est leur métier,
Tueurs d’animaux,
Pour l’argent
Renée Meunier
Pourquoi dis tu que ie suis romantique ?
Non !
Je ne suis pas Romantique
Je suis juste poétique,
Un brin lyrique
Ok
Mais pas pathétique,
Pas pleine de vieux tics
Non vraiment
Je ne veux pas être Romantique
ça sent les roses bon marché
Toutes seules
Détachées
Je préfère les fleurs sauvages,
La mauvaise herbe,
J’en suis toute écorchée
Je suis habitée,
Mal foutu
Déglinguée
Pas une pépette à dinette
Une poupée Barbie
Romantique ça me va mal
Je te le redis
Je n’aime pas ce qu’on y voit quand on le dit Romantique aujourd’hui ça sonne plastique C’est plein de rose bonbon
à la superette pour Saint Valentin
Moi je préfère les longues tirades aux étoiles Quand je ressens du trop plein
Je préfère les noyés de la bière
Et le ciel
Quand il y a des éclairs
Si tu dis ça juste
Parce que je suis émotive
Que je gaspille ma salive
Juste par ce que j’aime
Les Musiciens,
Le Dessin
Et Prévert
Par ce que je suis passionnée,
Excitée,
Agressive
Alors vraiment
Non,
Romantique
Ce n’est pas le nom
Je serais plutôt
« In your face »
Kamasoutra
Tabac froid
Je suis Gauloise
Et café,
Cheveux toujours mal peignés Je ne suis pas Romantique, Romantique
ça me donne la nausée
Je m’y suis toujours opposée Je sais bien
Moi
Qu’on ne vit pas
Dans un conte de fée
C’est plutôt
Un drôle d’entonnoir
Et on se demande comment Dedans
On pourra
Passer
Adèle Girot-Daquin
Le Gueux
J’écris sur un instrument diabolique !
Clavecin de malheur, il réplique !
Les lettres s’y entrechoquent,
Se croisent, se cognent,
Mais ne se rencontrent pas.
À cheval sur l’une d’entre elles,
Je cherche du sens dans ces mots écrasés
Qui font la queue pour, en phrases, être sacrés.
En vain.
Et pour cause :
L’église hurle, tremble et jubile.
Car juste là, coincé sous les cernes
d’un Christ éberlué,
Un mariage doucement rigole de la porte.
Gras, de fard dégoulinant,
Engoncé dans des corsets étriqués
d’un autre temps…
Lorsque l’édifice s’effondre sous un ciel
chargé de cognards
Le diable en personne s’est emparé de la mariée !
Ah ah ah !
Celle qui vient d’en rêver,
Le regard inondé de sable
ensoleillé
Songe sur le parvis,
Nue dans sa robe écrevisse.
Le fameux crustacé la
regarde,
Et, juché sur une
gargouille couverte de
secrétions,
Crache ses bigoudis oranges
sur ce clochard qui passait
par là.
Un Gueux dormira ce soir,
sur ce lit de confetti
Sans autre caviar
que le noir de la nuit.
Alix Brun
L’herbe tendre
Dans un champ vert, très vert,
Dans un champ étroit, très étroit, Dans un champ long, très long, Dans un champ pentu, très pentu Toi, moi, vous, nous
Descendons.À notre droite
À perte
De vue, un chemin terre, sans terre,
Descendons.Dans l’herbe tendre, très tendre
Au bout du champ, au très bout
Une petite maison, très petite
Avec un homme dedans, vieux,
Très vieux, son frère mort, très mort
A construit toute la maison, toute.L’homme dedans se renverse,
Se renverse un sceau
D’eau, plein, très plein
Sur sa tête dedans.Toi, moi, vous, nous, dedans, dehors,
Nous remontons nos pieds
Nos pieds très en pente
Dans l’herbe tendre
D’un champ
Trop vert, trop étroit, trop long.
Anick Roshi
Attente de crier la colère
Quand le soleil est parti
Je danse
Attente d’une liberté
D’un volcan qui ne demande qu’à exploser de plaisir et de bonheur
Plein de joies, de lumières
De couleurs qui pétillent dans les yeux des gens
Des fleurs
Des tulipes rouges
Des roses blanches à manger avec de la mayonnaise et une petite bière
Tous les jours je danse
Dans mon corps il y a
Des voyages
Des rochers
Des falaises
Des icebergs
Des gens qui demandent leur route
Des mendiants de bonheur
Un chalet pour accueillir
Les danseuses inconnues
Grand comme la maison de mes parents
Mon pays intérieur se visite comme un jardin aux fleurs multicolores
Il y a des rêves
Et dans mon cœur
Le soleil
Allez l’OL !!!
J’attends les danseurs
Dans ma maison
Au jardin de fleurs
Dans mon cœur-volcan
Je rêve de soleil et de liberté
Allez l’OL !
Poème collectif SAJ Ecully :
Thierry A, Michel, Catherine, Eliane, Jessica, Thierry P, Alain, Dominique, Jean-Paul, Bernard, Malika
La vie est un flocon
Elle a d’énormes paroles
Le corps s’agite
Je suis Rmiste et le soir je dors dehors
Le ciel est noir la nuit
L’énorme ciel chocolat étouffe le monde
Le chocolat fait des flocons
Les corps du feu du dragon d’or viennent éveiller la NASA
La vie est un accident de la nature
Le ciel énorme surveille la nuit dehors
Atelier Duchère :
Luis, Réjane, Pierre, Kevin, Alain, Joëlle, Elisabeth, Thierry
Et ma langue a fourché
Je peux être certaine, je peux être confuse, je peux être déterminée, je peux être perplexe, je peux être les quatre à la fois, je peux ne plus rien être du tout, je peux choisir un camp, celui-ci ou un autre, je peux décider de ne pas choisir un camp, celui-ci ou un autre, je peux ne plus décider de faire un choix, je peux faire le choix de ne plus rien décider, je peux faire un pas, puis reculer, je peux faire un pas, puis avancer, je peux rester immobile, je peux rester inerte, je peux faire un bond puis m’écrouler, je peux faire un bond puis m’élever, je peux couper la poire en deux, je peux me couper le doigt, je peux... alors, les mots ne se cristallisent plus ni en phrase ni en page, et je me dis : « brûle-toi la main... » parler la langue de mon père, je peux... alors, les mots se cachent derrière les nœuds, dans les coulisses et sur les passerelles... parler la langue de ma mère, je peux... et je me dis... parler la langue de personne, je peux me taire... « brûle-toi la main »... sans pour autant garder le silence.
Stéphanie Quérité
J’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu m’embarrassait
Chaque fois chaque fois chaque fois
Chaque fois que j’m’exprimaisJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu ne m’aidait guère
Lorsque lorsque lorsque
Lorsque je voulais plaireJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu m’turlupinait
Tant que tant que tant que
Tant que j’en bégayaisJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu qui amusait
Cette fille cette fille cette fille
La fille que j’aimaisJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu qui sut séduire
Cette fille cette fille la fille
Pour mon plus grand plaisirJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu que j’ai gardé
Quand elle quand elle quand elle
Trop tôt m’a oubliéJ’avais un ch’veu sur la langue
Ce ch’veu pour me rappeler
La belle la belle la belle
Aimée aux soirs d’étéJ’avais ce ch’veu sur la langue
Ce ch’veu pour m’consoler
Souvent souvent souvent
Il gardait l’goût d’l’aiméeJ’avais ce ch’veu sur la langue
Un s’cond a rappliqué
Un s’cond un s’cond un s’cond
Plus rétif que le premierLors j’ai deux ch’veux sur la langue
Deux ch’veux retors en nœud
Nœud qui nœud qui nœud qui
Nœud qui me gâche la vieAvec ce nœud sur la langue
Dès que j’élève la voix
J’dis oui j’dis non j’dis na
Je dis n’importe quoiJ’ai triste nœud sur la langue
Que sans couper en quatre
Je ne je ne je ne
Parviens à démêlerPour perdre ce nœud gangrène
J’vais tantôt voir le chat
Lui montrer dida didaine
C’qui cause mon embarrasOh petit petit petit
Petit chat, approche-toi
Qu’un peu confus je te donne
Niaise langue, délie-la !
Aube
Feufollette
Aujourd’hui je suis feufollette, une nouvelle lumière s’est allumée subrepticement dans une partie de mon cerveau pendant mon dodo, juste à gauche en rentrant de boîte de nuit crânienne et ça claque ! la mer est rose, le soleil bleu, l’herbe est (par)fumée, parce que ce nouvel éclairage a changé les cou(cou)leurs du monde, que les insectes volants ont des chaussures jaunes et une mallette rouge pour aller travailler dans les champs, que les vaches se désaltèrent, provocantes au bar du coin, que les chiens. font des claquettes debout, sur le parvis de l’opéra, que les poissons n’ar(r)ête(nt) pas, que mon chat a décidé de prendre ma chambre et me laisse sa litière, que les devoirs, ça n’est que pour les professeurs, que le chocolat est obligatoire à quatre heures, que les contrôleurs viennent nous donner des tickets, que la pluie n’existe que dans les films de poursuite, que ma maison est autonettoyante, que les gens sont tricolores et tous d’accord, que le travail est la maladie du siècle, que ma voisine est muette, que les méchants sont au musée, que ma grand-mère est ressuscitée, que mes lacets restent attachés, que mes desserts jamais ratés et que moi, oui moi Mesdames et Messieurs les gens enchantés, je ris de cette transformation en étant toutefois très, mais très très ,interlo(to)quée....
Laurence Pemerle