Pour la 4e fois (après 2013, 2015, 2017), les données de la base usagers de la BmL ont été injectées dans l’outil de géolocalisation de la Ville de Lyon (vlko). Les coordonnées géographiques de 80% des abonnés lyonnais ont été géocodées de manière à être affectées à un IRIS (unité géographique se rapprochant de la notion de quartier).
VLKO : 10 ans de cartographie interactive
En 2008, la Ville de Lyon s’est dotée d’un outil de cartographie interactive afin de faciliter les échanges entre citoyens, élus et techniciens pour la refonte de la géographie prioritaire. En 10 ans, les usages se sont multipliés avec différents services et acteurs du territoire.
Quelques résultats d’analyse des données
Pour la bibliothèque, des variables ont été utilisées pour créer un ensemble de cartes. Accompagnées de commentaires et prêtes à l’emploi, elles sont organisées en 3 sections :
. Impact de la BmL et géolocalisation des abonnées lyonnais
. Sélection de données dans les notions d’inégalités culturelles et de revenus
. Résultats bibliothèque par bibliothèque pour les emprunteurs ou les inscrits
VLKO pour mieux cibler les actions prioritaires de la bibliothèque municipale de Lyon
Il s’agit aussi de savoir quelles données injecter depuis les bases de la bibliothèque et de les qualifier, pour mieux repérer les quartiers qu’on a pu oublier et proposer des actions pour y remédier.
VLKO pour définir la politique de la bibliothèque municipale de Lyon
La cartographie dynamique permet d’aller au devant des publics, de décider des actions "hors les murs" et de choisir les collections propres à chaque bibliothèque de quartier. Elle contribue aussi à nouer des partenariats spécifiques, en fonction des besoins identifiés, par exemple en direction des écoles.
Source : VLKO : Cartes des données Bibliotheque Lyon 2019
Impact de la BML et géolocalisation des abonnés lyonnais
Des cartes permettent de localiser les abonnés des bibliothèques par sexe et par âge pour rapporter ces données à la population de chaque IRIS afin d’obtenir un taux de couverture ou taux de pénétration.
Les IRIS les plus clairs sont des quartiers où on a une faible progression entre -11% et +18 %
Pour les IRIS les plus foncés : on a multiplié par 3 le nombre d’abonnés
Les 2 cartes de regroupement ville et arrondissements, en haut à droite, présentent, au survol la moyenne pour les arrondissements et pour la ville. Au niveau de la ville de Lyon, elle montre qu’on aurait augmenté de 34 % le nombre d’abonnés entre 2015 et 2019. Néanmoins, une partie de cette évolution est due à un meilleur taux de géolocalisation des abonnés : on est arrivé à géolocaliser plus d’abonnés en 2019 (78300 en 2019, 67800 en 2017 et 58300 en 2015). Dans les faits, compte tenu d’outils statistiques précis, on a réellement augmenté de 19%, ce qui indique donc qu’on a une surestimation de 20% environ. Cet outil est un outil de représentation spatiale qui interroge ; ce n’est pas un outil de rapport statistique pour donner le chiffre exact. (Pour cela il est préférable de se référer à d’autres outils de rapport statistique).
L‘arrondissement qui a le moins progressé ou stagné est le premier arrondissement car le nombre d’abonnés a augmenté de 19% (c’est à peu près le correctif qu’on doit appliquer à tous les chiffres).
Celui qui a le plus progressé est le 3e arrondissement : + 48% - 20 % de correction de la surestimation, soit + 30% environ.
Un zoom sur la bibliothèque Lacassagne montre les IRIS qui ont le plus progressé. En général, il s’agit de ceux qui sont proches des nouvelles bibliothèques. Jules Verne Acacias est le quartier de Montchat (quartier d’habitation) qui a le plus progressé. Il se trouve immédiatement au nord de la bibliothèque Lacassagne. En bas à droite de l’écran, on trouve une sélection d’une douzaine de graphiques prêts à l’emploi. Celui qui s’affiche pour Jules Verne Acacias représente la progression le nombre d’abonnés en 2015, 2017, 2019. On passe de 290 abonnés en 2015 à un peu moins de 900 abonnés en 2019.
A contrario, l’Iris Montplaisir Nord, guère plus éloigné à pied de la bibliothèque Lacassagne qu’Acacias Jules Verne, a peu progressé avec l’ouverture de la bibliothèque Lacassagne (progression de 207 abonnés en 2015 à 253 abonnés en 2019).
Indicateur d’objectifs en matière de lecture publique
La question des inégalités territoriales en matière de capital culturel et de revenus s’est posée. Comment peut-on définir stratégiquement l’action de la BML par rapport à ces inégalités territoriales ? C’est un souci majeur pour la direction des territoires en termes d’aménagement du territoire.
- Cette carte montre la part des moins de 15 ans dont le référent du ménage a au plus le DNB et en rond le taux de couverture des abonnés de moins de 15 ans.
On croise les données BML avec les données de l’INSEE, ce qui permet d’évaluer l’impact sur la population par rapport à certaines caractéristiques de cette population.
On a retenu en matière d’impact sur les inégalités territoriales la notion de capital culturel. C’est l’indicateur qui est jugé le plus pertinent. Sur le capital culturel on retient l’indicateur du niveau de diplôme du chef de foyer, en sachant qu’il s’agit d’une simplification car la notion de capital culturel telle que les sociologues la développent ne se limite pas au niveau de diplôme. C’est pourtant l’indicateur le plus pertinent qu’on peut observer compte tenu du fait qu’on traite des grandes masses.
On considère également le capital économique : les revenus disponibles sont pris comme indicateur (voir les cartes sur la manière dont on touche la population en fonction du taux de pauvreté dans chaque IRIS).
Les points ne sont plus les localisations de bibliothèques mais la modélisation d’une 2e donnée : c’est le croisement de la couleur de fond et de la couleur et taille du point qui va nous donner le rapport qu’on a envie d’observer.
En surface de chaque IRIS, on a une statistique qui représente la part des moins de 15 ans dont le référent du ménage (chef de famille) n’a pas de diplôme plus élevé que le brevet des collèges. Plus les couleurs sont foncées et plus le pourcentage de référents familiaux qui n’ont pas d’avantage que le brevet des collèges est élevé.
C’est une approche, en termes de stratégie de lecture publique, de l’action de la BML auprès de populations qui ont théoriquement, chez elles, moins d’accès au livre et à la lecture, moins d’accès à différentes formes de pratiques culturelles.
Les ronds de couleurs vives superposés aux surfaces, montrent le résultat de l’action de la BML sous la forme d’un taux de couverture des personnes de moins de 15 ans. Avec un rond rouge, sont représentés les IRIS où on touche le moins de personnes et en vert ceux où on en touche le plus. Ce qui est intéressant c’est de voir qu’on a des données statistiques qui se recoupent, avec une difficulté sur certains territoires à avoir un taux de couverture fort sur des populations qui ont un capital culturel moins élevé. Mais on se rend compte que ce n’est pas systématique. Si on prend les IRIS où on a le plus fort et le plus faible taux de couverture, on est sur des IRIS avec du capital culturel faible : Ex Moulin à vent. On compte 32% des enfants de moins de 15 ans qui vivent dans un foyer à capital culturel faible et on a 14% de taux de couverture contre 33% sur la moyenne de Lyon. Il y a probablement un biais statistique : les abonnés peuvent être inscrits à la bibliothèque de Vénissieux car la bibliothèque de Moulin à Vent fait partie du réseau de Vénissieux.
A contrario : l’IRIS Marcel Mérieux, IRIS à capital culturel faible, a un taux de couverture de 83 % ; il faut aller chercher les explications sur le terrain, comme toujours avec cet outil statistique car il n’offre jamais les explications clefs en main : la nouvelle bibliothèque de Gerland touche beaucoup de jeunes sur cette zone. Par ailleurs, on a enregistré une forte densification de l’habitat et en conséquence une augmentation démographique depuis le recensement de population de l’INSEE de 2015. Le taux de couverture est donc calculé sur le nombre réel d’abonnés mais rapporté à une population qui est sous-estimée. D’un point de vue statistique, les données doivent donc être prises avec prudence et avec l’éclairage du terrain, exprimé par les groupes de travail lors de réunions au cours desquelles les partenaires se posent des questions plus précises.
Les 8e et 9e arrondissements sont jumeaux dans leur sociologie sur les questions du capital culturel, de revenus et d’immigration. Dans ces arrondissements, on a un impact très différent car le taux de couverture atteint 35% dans le 9e alors qu’il n’est que de 25% dans le 8e : L’explication réside probablement dans l’action de la BML : s’il y a 3 bibliothèques dans le 9e, le 8e n’en a qu’une seule. Ce constat permet de se poser la question du développement du réseau et du développement des actions hors les murs.