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« La mort n’est peut-être qu’un changement de place, disait Marc-Aurèle », et dans ce peut-être se niche sans doute tout l’art littéraire de Romain Lucazeau. Peu d’écrivains de sa génération ont autant exploité le potentiel métaphysique de la science-fiction, plongeant dans les mystères de l’être confronté aussi bien à la mort qu’à l’immensité du cosmos.

Depuis Latium où un peuple d’intelligences artificielles porteuses de la culture antique attend le retour de l’Homme, jusqu’à la barbarie d’un Empire perse dévorant tout sans limite technique ni morale, il interroge notre place, les valeurs confortables qui nous rassurent jusqu’à nous désarmer. Parce qu’il est avant tout conteur, parce qu’il sait que la tradition philosophique grecque met en scène des concepts par des histoires, Romain Lucazeau n’oublie jamais que la littérature n’est pas un essai mais une mise en condition, des petites charges qui doivent exploser pour atteindre le cœur de la roche, nos illusions. Cela ne veut pas dire autant que la beauté, que l’esthétique n’a pas sa place et dans La nuit du faune, il nous ouvre à la beauté de l’espace grâce à un faune, dont les pouvoirs donnent accès à un monde plein de poésie et à d’autres formes de vie et d’intelligence. L’univers de Romain Lucazeau est riche et complexe, arborescent, à la fois menaçant comme une bombe atomique et aérien comme un nuage de drones survolant un champ de bataille !