Les naturalistes
René-Pierre Colin,
le 14/05/2013
Spécialiste d’Émile Zola (Zola, Renégats et alliés. La République naturaliste, Presses universitaires de Lyon, Tranches de vie, Zola et le coup de force naturaliste, éditions Du Lérot...), René-Pierre Colin souligne dans sa préface que cet écrivain, chef de file de ce mouvement littéraire, n’est pas le seul invité d’honneur de son livre. Il évoque aussi les grandes figures, Joris-Karl Huysmans, Guy de Maupassant, Octave Mirbeau, les Frères Goncourt, et ceux que l'on a coutume d'appeler les « petits naturalistes », Paul Alexis, Henry Céard, Robert Caze, Léon Hennique, Lucien Descaves… dont le talent est indiscutable. Comme ce dictionnaire étudie également les conditions de la création, les éditeurs y ont autant de place que les écrivains, ce qui permet de cerner la diffusion des œuvres et leur réception par les lecteurs. Ce volume aborde en outre les thèmes majeurs de ces auteurs. C’est en fait la première entreprise de cette envergure. René-Pierre Colin n’hésite pas à parler de « naturalismes » – au pluriel – pour tenir compte des débats et des dissensions qui ont eu lieu pendant une époque historique agitée où l'armée, le clergé, l'éducation, la prostitution... ont inspiré bien des romans et des nouvelles. Non sans de fortes résistances, d'ailleurs, puisqu'aucune période n'a connu autant de procès littéraires, généralement pour outrages aux mœurs et à la morale publique (l'un d'eux coûta la vie à un jeune romancier et critique de vingt-quatre ans, Louis Desprez).
La réputation du naturalisme a été longtemps déplorable (on a pu parler à l’époque – à la fin du XIXe siècle – d’une littérature de « roussins », de chiffonniers et de vidangeurs acharnés à collectionner des histoires véreuses dans la « bourriche du terre-à-terre ») et aujourd'hui encore bien des artistes se jugent insultés si l'on prétend déceler dans leur œuvre un élément naturaliste. Ce n’est que récemment que d’autres perspectives ont commencé à voir le jour permettant de lutter contre cette triste renommée. L’ambition de René-Pierre Colin est de montrer la charge d’irrespect, d’irrévérence et de révolte de ce mouvement qui rêva d'être un contre-pouvoir. Le naturalisme est vraiment à l'origine de la vie littéraire telle que nous la connaissons aujourd'hui. Il ouvre la voie si peu fréquentée des grandes insolences.
- René-Pierre Colin, professeur émérite de littérature à l’université Lumière-Lyon 2..
Voir aussi
Documents en relation avec cette conférence