Max Jacob (1876-1944)
Patricia Sustrac,
le 13/03/2013
Max Jacob est né à Quimper au sein d’une famille de commerçants aisés d’origine juive non pratiquante. Il est l’une des figures les plus marquantes du XXe siècle. Sa production ne se borne pas à la poésie mais elle comprend aussi une œuvre graphique ainsi que l’une des plus riches correspondances de son temps. Ses amitiés, avec Picasso en particulier, qu’il rencontre en 1901, et ses liens privilégiés avec Apollinaire, Salmon ou Reverdy le placent au cœur des débats esthétiques de l’Esprit nouveau. Sa vie et les nombreuses légendes qui lui sont attribuées, ou qu’il s’attribue lui même, le mêlent à l’effervescence des avant-gardes picturales et littéraires parisiennes. Éclaireur d’une relation profonde dans l’écriture du siècle entre la poésie et la peinture, rénovateur des qualités plastiques et musicales du poème en prose, son oeuvre est faite de contrastes. Sa poésie est traversée d’élans religieux et mystiques mais roule aussi vers le cocasse. Ses conceptions esthétiques ramassées dans Le Cornet à dés (1917) ont fortement marqué les jeunes générations venues à lui comme le représentant des avant-gardes au rang desquels : Aragon, Malraux, Breton, Éluard, Reverdy, René Guy Cadou, Edmond Jabès, Michel Leiris… Dans des correspondances intenses, il développe une esthétique basée sur la recherche et l’approfondissement de la vie intérieure fortement inspirée par les enjeux spirituels d’une vie tournée vers la prière. Max Jacob a été bouleversé par une apparition miraculeuse en septembre 1909 et s’est retiré à Saint-Benoît-sur-Loire (Loiret) de 1921 à 1928 puis de 1936 à 1944, afin qu’une existence nouvelle refonde les enjeux spirituels initiés par sa conversion au catholicisme (1915). C’est dans ce village ligérien qu’il sera arrêté le 24 février 1944 par la police allemande. Dès 1940, la législation antisémite bouleverse sa vie : il subit toutes les mesures de persécutions menées par Vichy et l’occupant contre les Juifs. En juin 1940, la Gestapo traque le « cicerone juif » de la basilique ; en octobre, il est recensé : sa carte de la Légion d’honneur porte, à sa demande, le tampon « JuiF ». En 1941, « Monsieur Max » est interdit de publication : il est spolié de ses droits d’auteur. En 1942, il porte l’étoile jaune. Pendant l’Occupation, il assiste impuissant aux malheurs des siens : « aryanisation » des biens, arrestations, déportations. Lui qui, à tort, se pensait protégé est arrêté. Une requête de Cocteau en faveur de sa libération sera remise immédiatement à un conseiller juridique de l’ambassade d’Allemagne, faussement identifié comme le chef des prisons juives. Début d’une procédure de libération hypothétique, mais Max Jacob est décédé sans jamais avoir été libéré, au camp de Drancy, le 5 mars 1944. Il repose «dans la paix du soir des plaines fertiles de l’Orléanais», à Saint-Benoît-sur-Loire, depuis le 5 mars 1949. En 1960, il a été élevé, à titre civil, au rang de« poète mort pour la France ».
- Patricia Sustrac, présidente de l’Association des Amis de Max Jacob..
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